mars 29, 2014

Annuaire des moments de solitude quotidiens

Cet ours vient de se rendre compte
 qu'il a oublié sa bouteille de Coca-Cola au distributeur.
La vie en société comporte son lot de bonheurs quotidiens, comme quand par exemple on vous reconnaît dans la rue et qu'on vous dit "hey c'est pas toi le créateur de l'emprise du recul ? Super boulot mec j'adore !" (ce qui est déjà arrivé 11 fois cette semaine, y a pas à dire c'est fun de parler à son reflet dans les vitres des commerces). Cependant il ne faut pas négliger tous ces instants d'inconfort, de micro-honte, de petite mort qui peuvent subvenir à tous moments, voire même à tout instant.


Vous voyez forcément de quoi je parle, ça vous est obligatoirement arrivé au moins une fois de dire "merci !" à la boulangère qui vous disait "A bientôt !", ou de répéter machinalement le "bonjour monsieur" introductif de cette même boulangère, ou encore de vous faire surprendre par cette satanée boulangère à vous masturber dans les pains aux raisins. Attends non ça c'est un autre soucis en fait.


Bref ces moments là arrivent à tout le monde, indépendamment du fait que l'on soit timide ou non, jeune ou vieux, en milieu extra- ou intra-boulangerique. Aussi cet article se propose de vous faire une petite compilations des pires moments d'embarras à la con, qui font qu'on préférerait être resté dans son lit le matin plutôt que d'être là, comme un crétin, pantalon baissé devant un Paris-Brest.




Les deux "comment ?"


Ça n'aide pas d'être dur de la feuille.
Vous parlez avec votre patron, ou avec une semi-connaissance, ou avec Guy Lagache. Bref avec quelqu'un avec qui vous n'allez probablement pas faire votre vanne salace favorite. La conversation se passe bien, vous êtes attentifs, puis tout à coup PAF, ou BIM, ou BADABOUM, une pensée traverse votre esprit "Est-ce que j'ai débranché le fer à repasser en partant ce matin ?". C'est trop tard. Ces quatre secondes vous ont suffi à perdre le fil, et le langage corporel de votre interlocuteur indique qu'il vient de vous poser une question.

Pas de panique, un simple "comment ?" vous remettra sur les rails. Il s'agirait de ne pas divaguer cette fois-ci.

...Votre interlocuteur répète mais là, une autre pensée vous assaille "Attends j'suis con, j'ai pas de fer à défriser je suis chauve en fait". Et vous n'avez pas entendu ce qu'on vous a dit.

Bon, cette fois il va falloir faire en sorte de pas passer pour un bouffon, même si honnêtement vous en êtes un. Allez, tentez un "comment ? Excusez-moi j'ai toujours pas compris !".

Il répète à nouveau.

...Et non, encore raté. Pas compris. Cette histoire de fer à défriser a décidément bloqué l'entrée de toute nouvelle donnée dans votre cerveau.

Autant vous dire là vous êtes comme Anatoli Karpov contre Nigel Short en 1993 : vous êtes échec et mat. Votre seule solution ici est d'acquiescer timidement d'un "ahah oui" aussi neutre que possible, quitte à ce que la conversation, vue de l'extérieur donne ça :

Lui : "T'es quand même un gros connard."
Vous : "Comment ?"
Lui : "Je dis que t'es un gros connard."
Vous : "Comment ? Excusez-moi j'ai toujours pas compris !"
Lui : "T'es qu'un gros connard, et puis t'es sourd et tu sens le hareng. Fils de pute."
Vous : "Ahah oui."



Le départ parallèle


Vous rencontrez une ancienne connaissance dans la rue. "Ca va ? Qu'est ce que tu deviens ?" "Ca va je suis dans le BTP et je fais du porno amateur en extra" "Ah cool comment vont les gosses ?" "Ca va le petit rentre en sixième et la grande en CM1 et toi ?" "Bah moi tu sais bien que je suis stérile" blablabla, vous connaissez bien ce genre de conversations bateau dans lesquelles les deux protagonistes attendent que le moins couard des deux ose dire qu'il doit y aller. Cette fois-ci c'est vous qui prenez votre courage à deux mains. "Bon j'suis désolé je dois te laisser j'ai pas trop le temps là, c'était cool de te revoir en tout cas !" "Oui pareil, bon week-end et bon courage pour ton concours de fléchettes ! A plus !" "Oui à plus".

Et là, enfin, vous partez.
Et il part aussi.
Dans la même direction que vous.
A la même allure. 
Ah oui y a aussi la solution de
faire semblant d'être aveugle

Pas beaucoup de solutions ici, certains opteront pour le classique regardage de téléphone et demi-tour en disant "ah merde" pour faire comme si le téléphone venait de vous indiquer que vous êtes partis dans la mauvaise direction, d'autres commenceront à trottiner en regardant l'heure, genre "pfouh je suis en retard en fait". La meilleure solution reste de faire une balayette furtive à votre camarade, puis de le tabasser à terre, là encore discrètement pour ne pas qu'il s'aperçoive que c'est vous. Le temps qu'il se relève vous permettra de gagner un peu d'avance et d'éviter la gêne.


La rencontre fortuite en courses


Cette dame écoute les arguments
des différents paquets de chips
avant de faire son choix.
Ah vous aimez bien faire les courses le dimanche matin à la supérette du coin. Vous achetez des concombres, des bananes et tout autre sorte d'aliments de forme phallique pour pouvoir draguer la caissière, avec qui vous aviez bien accroché la dernière fois, même si votre fameuse blague salace préférée n'avait pas plu aux 12 personnes qui attendaient derrière vous pendant que vous la racontiez. Seulement cette fois, vous rencontrez une connaissance au rayon fruits et légumes. Comme d'habitude, vous échangez quelques mots avec courtoisie et prétextez que vous allez finir vos courses parce que sinon vous allez être en retard (ce qui serait dommage, un dimanche à 11h pour quelqu'un qui vit seul). Donc vous laissez votre interlocuteur.

Puis vous le retrouvez au rayon des yaourts. Vous dites "Ah !".

Puis vous le retrouvez au rayon du fromage. Vous souriez brièvement.

Puis vous le retrouvez au rayon des céréales.

Puis vous allez au rayon boîtes de conserves et...en fait, au final, est-ce que vous avez réellement besoin de boîte de conserve ? Allez hop, en caisses. Ça vous évitera de retrouver l'autre abruti.

ET CE CONNARD SE TROUVE FORCEMENT AUSSI A LA SEULE CAISSE OU Y A PAS UNE FILE D'ATTENTE DE DIX KILOMÈTRES.


L'anecdote sans public


Vous êtes dans un groupe de personnes, à une soirée. Genre pas une soirée BDSM, une soirée normale, genre boulot ou tricot. Là encore on est sur de la semi-connaissance, donc non, ce n'est encore pas le moment pour votre blague salace. Les gens parlent un peu partout, vous écoutez une anecdote, et, chose rare, il vous en vient une qui serait très intéressante ici !


Seulement voilà, vous avez mal choisi le moment. A peine vous avez commencé "Ca me fait penser que l'autre jour j'étais à la photocopieuse avec Françoise et..." et déjà plus personne ne vous écoute. Même cette salope de Françoise, que vous avez pourtant mentionnée, n'a pas accroché à votre entame. Vous vous êtes fait coiffer par Jean-Marc, et sa remarque pertinente sur le fait que "Xerox" vient de "xérographie", qui est le nom d'un procédé d'impression découvert en 1935. Heureusement, vu que personne ne vous a écouté, personne ne sait que vous avez fait un four...
T'inquiètes personne a dû voir ton moment de solitude, meuf.
...Mais soyons honnête, au fond, y a forcément une personne dans le groupe qui vous écoutait sans vous regarder, et qui est en train de se foutre de votre gueule intérieurement. Peut-être même Jean-Marc, d'ailleurs.


Le salut douteux


Vous êtes dans un endroit peuplé, et une personne que vous ne pouvez encore identifier, appelons la Suzy, vous fait un petit signe de la main pour dire bonjour.

Si vous répondez mais que c'est pas vous que Suzy saluait, vous aurez l'air d'un con. Si vous ne répondez pas mais que c'était bien vous la cible, vous passerez pour un con. C'est une situation high risk - low reward (gros risque - faible récompense en français, Hochrisiko gering Belohnung en allemand, 高风险低回报 en dessin) particulièrement désagréable à endurer.



Une solution possible dans le cas où vous avez fait un signe de la main en retour à Suzy mais que vous n'étiez pas la cible : faites comme si vous saluiez vous-même une personne derrière elle, au risque de devenir la Suzy de cette personne, créant ainsi un cercle vicieux qui ne pourra se terminer que par la mort de tous les protagonistes. Mais bon au moins votre honneur sera sauf.

Ah oui sinon y a le grattage de tête aussi.



Bonus : LA BLAGUE SALACE


Un mec rentre dans un bar : sur le menu il voit "Bière 4€", "Hamburger 3€", "Masturbation 10€". Il s'avance vers la caissière, qui est une grande blonde bien foutue. Il lui demande "C'est vous qui faites la masturbation ?". "Oui". "Bah allez vous laver les mains parce que je veux un hamburger."



1 commentaire:

  1. Tout l'article, aiguisé comme un furet pour dénicher la blague salace, je salivais.
    Et BAM, c'est la blague qui a circulé sur mon mail au bureau, vendredi matin.
    Du coup, je suis fort marri. Vivement le prochain article!

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